“Tout” va redevenir comme avant… “tout” va s’effondrer ! ou encore “tout” va changer ! On peut surtout lire, en ce moment,“tout” et son contraire. Dans une crise aussi complexe, il serait bien imprudent et présomptueux de notre part de chercher à prédire ce qui va se passer après la crise sanitaire et économique que nous traversons… Autant le dire, nous avons le devoir, en tant que citoyens économiques aussi bien qu’en tant que co-entrepreneurs, d’être dans une certaine forme d’inquiétude, et en tout cas de se méfier de toute forme de certitude.

Le défi que nous lance cet épisode unique en son genre, c’est celui de la résilience, autrement dit de la capacité d’adaptation dans un monde potentiellement changeant, et aux contours futurs pour l’instant très incertains. Nous pensons, contrairement à beaucoup de discours glorifiant l’apparente efficacité de la dictature, que la démocratie est une arme dans ce contexte. A condition, d’une part, de s’en rendre compte et d’autre part de mettre en place les outils pour lui permettre de jouer au maximum de ses atouts. Cela peut être vrai à l’échelle d’un territoire, des institutions étatiques, tout autant que pour les entreprises.

Pour autant, une chose est sûre : en tant qu’entreprises démocratiques, constituées d’humaines et d’humains à l’écoute les uns des autres, chacun d’entre eux détenteurs d’idées potentiellement géniales et capables de voir les choses à long terme, nous aurons le pouvoir d’agir sur le monde d’après, comme nous en avions avant, et peut-être plus. Et nous aurons des armes pour reconstruire une économie, probablement un peu différente, peut-être meilleure, que celle du monde d’avant. En tout cas pour essayer.

Parce que nous sommes habitués à voir (et à pratiquer ! ) la contradiction démocratique non pas comme une potentielle “division” mais au contraire comme une source d’intelligence collective et d’innovation, nous saurons trouver des solutions, au choix, plus créatives ou plus réfléchies. C’est en tout cas  la leçon que nous tirons de la petite histoire de nos SCOP autogérées.

Parce que chacun de nos salariés peut proposer son idée, nous serons capables d’inventer de nouvelles manières de travailler dans ce monde d’après. Mais aussi, pour cette même raison démocratique, nous serons capables de revenir en arrière si ces nouvelles idées ne sont pas efficientes, ou ne donnent pas de résultats. Parce que la démocratie c’est aussi savoir reconnaître collectivement ses erreurs, sans charger une personne parce qu’elle s’est trompée.

Et parce que nous ferons tout pour continuer, encore plus qu’avant, à construire un modèle d’entreprises où les travailleurs sont au centre du projet, où l’écologie n’est pas une variable d’ajustement, nous aurons un rôle à jouer pour construire une partie de la réponse à cette question de l’avenir.