Situé en plein cœur de Romans-sur-Isère, l’atelier artisanal La Goupille n’est pas un endroit comme les autres : il allie les compétences complémentaires d’une architecte – Marjolaine Fouassier – et d’un menuisier également formé aux Beaux-arts – Guillaume Bringer. Cette collaboration se révèle très précieuse, pour conseiller et accompagner des chantiers de professionnels et de particuliers, dans la conception et la réalisation d’aménagements en bois sur mesure.

Grâce aux copains du Grenade, le duo a démarré son aventure entrepreneuriale avec un carnet de commandes bien rempli : un nouvel aménagement et des rayonnages pour l’épicerie ACTR, un bar-comptoir pour le Court-Circuit, des bureaux pour le Bieristan, la réalisation de plans sur-mesure pour le Magma Terra et l’Auberge de Boffres… Les métiers de bouche n’ont plus de secret pour La Goupille qui s’est fait une spécialité du suivi de ce type de chantiers.

Rencontre au milieu des copeaux…

Guillaume, Marjo… qui êtes-vous ?

Guillaume : j’ai fait ma formation aux Beaux-Arts de Clermont-Ferrand et d’Annecy, essentiellement par goût pour les arts plastiques. A la sortie, je ne savais pas vraiment ce que je voulais faire, mais finalement la menuiserie m’est apparue comme un bon débouché pour moi : un travail manuel et concret, tout en restant créatif.

Je me suis donc lancé dans une formation et j’ai enchaîné en travaillant pour différentes boîtes en intérim, pendant un an et demi : intérieurs de chalets dans les Alpes, chantier de rénovation de l’Hôtel-Dieu à Lyon, chantier de l’Hôpital psychiatrique du Vinatier… beaucoup d’expériences différentes finalement ! Le problème, c’est que tu fais beaucoup la “petite main”, mais tu ne travailles pas sur tes plans. Et parfois, tu ne vois même pas le résultat de ce que tu fais.

Marjo : j’ai fait une prépa-archi à Caen avant d’entrer dans l’école nationale d’architecture, à Rouen, le tout a pris 8 ans. C’était une formation bien plus axée sur l’art que dans d’autres écoles, nous avions beaucoup de temps consacré au dessin architectural à la main, à l’expérimentation de structures, matières, à toutes les échelles, bref, de la fabrication et du travail manuel… ça me plaisait énormément.

Puis j’ai démarré dans un cabinet d’archi et là tu te rends compte que l’école te manque et que le travail professionnel n’a rien à voir avec ce qu’on “nous a vendu” à l’école ! Tu travailles sur des plans qui ne sont pas les tiens, tu n’es jamais sur les chantiers, tu ne fais plus de fabrication… En fait, j’avais envie de retrouver ça, concevoir et fabriquer de mes mains.

Comment vous êtes-vous rencontrés ?

G. : on s’est rencontrés avant de se rencontrer ! Ludovic Camba est un ami, il travaillait au Bieristan en même temps que moi. Oui, parce qu’en parallèle de la menuiserie, j’ai continué à travailler de temps en temps au Bieri pour les copains. Lors de ma dernière session avec eux, cela a duré 8 mois, et cette fois-là, j’ai pu participer à leurs réunions, découvrir l’autogestion, l’ESS, le Grenade… Ca m’a donné envie de monter mon propre atelier de menuiserie, mais avec d’autres ! Et travailler selon mes valeurs, en autogestion, avec une attention pour l’écologie, le local, le réemploi…

Bref, à l’époque j’en parlais à Ludo qui me parlait de Marjolaine, sa pote architecte… et il faisait la même chose du côté de Marjo avec qui il était en colocation. Donc quand on s’est vraiment rencontrés tous les deux, on se connaissait déjà finalement !

M. : oui quand on s’est rencontrés à Lyon pour la première fois, on avait l’impression de déjà se connaître et, très vite, on a discuté de ce projet d’atelier qu’on imaginait… On a eu la chance aussi de travailler ensemble au Bieristan pendant 2 mois : ça nous a permis de tester le travail à deux, dans un autre contexte : celui de la restauration. Et ça nous a donné une bonne connaissance de ce type d’entreprises et de métiers. J’y travaille toujours actuellement les Samedis (enfin, moins, corona oblige…) ce qui me permet de continuer de me perfectionner dans ce domaine mais surtout d’être de meilleur conseil, pour concevoir des aménagements de resto/bar.

G. : on s‘est retrouvés autour de notre envie de tout faire de A à Z, de la conception à la fabrication. On partage tout, on fait tout ensemble, c’est hyper riche ! Marjo m’apporte la rigueur qu’ont les archis dans la conception, les plans, etc.

M. : …et moi, je vais plus loin dans la fabrication grâce à Guillaume ! On avance ensemble, on s’apprend mutuellement.

Comment est né le projet de La Goupille ?

G. : moi, dans mon coin, j’imaginais un “atelier de menuiserie” mais avec la rencontre de Marjo, l’atelier est devenu  un “atelier de menuiserie et d’architecture”…

M. : oui, c’est plutôt inhabituel ! Ca n’existe pas. Il existe des “cabinets d’archi”, mais pas d’”atelier”. Et je tenais à ça : renouer avec le manuel, la fabrication, tout en conservant l’aspect conception, conseil, accompagnement du métier d’architecte.

G. : notre première mission pour le futur restaurant, Magma Terra, a été très importante dans la fondation de la Goupille. C’est notre 1er vrai chantier avec tout ce qu’on sait faire et ce qu’on peut proposer : d’abord, un travail de conseil sur la conception et l’agencement, ensuite la réalisation des plans et des visuels, puis il y aura la réalisation, avec pas mal de fabrication d’éléments très variés ! L’espace comptoir, une salle avec estrade, une partie du mobilier, des éléments d’agencement avec étagère/bibliothèque, et le design d’espace du jardin d’hiver avec un mur végétal… ça va être chouette. Toutes nos compétences sont réunies ici ! Ca sera une formidable carte de visite pour nous !

Vitrine La Goupille Romans-sur-Isère

Pourquoi s’être installés à Romans-sur-Isère ?

G. : on voulait que La Goupille soit un atelier en centre-ville. Aujourd’hui, les menuiseries sont très souvent reléguées en périphérie, car elles ont besoin de beaucoup d’espace, ce sont des grands hangars… Nous on voulait vraiment retrouver l’esprit “atelier”, du temps où les menuisiers étaient en plein centre, les clients pouvaient venir voir ce qui se passe, entrer discuter… C’était important pour nous que la Goupille soit ça : du lien humain et un atelier ouvert sur la ville.

M. : or les prix à Lyon sont très élevés ! Et la Métropole est de toute façon déjà saturée en ateliers de menuiserie. On avait aussi envie de monter cette aventure en Scop et au sein du Grenade où les copains nous passaient déjà pas mal de commandes ! Plusieurs de ces projets se montaient dans la Drôme et l’Ardèche… Ca faisait sens pour nous de se rapprocher géographiquement de ces chantiers.

G. : à Romans-sur-Isère, on a aussi trouvé pas mal d’autres artisans dans les mêmes dynamiques que nous : le souci de l’écologie, le “fait-main”, etc. Et la mairie nous a aidé dans la recherche de locaux, la mise en lien avec un propriétaire… bref, les astres se sont alignés pour qu’on emménage dans un local romanais à l’automne dernier !

Justement quels sont les liens que vous avez tissés avec les autres artisans de la ville ?

M. : avant les fêtes de Noël, il n’y avait pas de déco prévue dans le centre historique. Avec d’autres commerçants/artisans du quartier historique, on a lancé l’idée d’ouvrir notre atelier pour qu’ils puissent venir fabriquer avec nous un sapin en bois de palette et le placer dans leurs vitrines : on a découvert pas mal de gens comme ça, le courant est bien passé et ça a fédéré un petit groupe d’artisans avec qui on s’entend bien : 2 maroquiniers (“Main d’oeuvre”) qui travaillent avec des peaux du coin ; un couturier bien militant et sa copine (“Atelier Usages”) qui font des vêtements de A à Z avec du lin bio, des teintures végétales, 100% français… complètement dans l’esprit du Grenade ! ; une potière (“Le Terrarium”) qui fabrique pas mal de vaisselle en terre et céramique… Bref, on a trouvé des démarches proches de la nôtre ! Ça nous donne envie de faire des collaborations avec certains… et on discute sur l’idée de créer une association d’artisans avec l’ambition d’organiser un marché de l’artisanat, et peut-être d’autres événements à l’avenir.

La Goupille Sapins de Noël Romans
Rayonnages épicerie ACTR La Goupille

Que propose la Goupille ? Pour quelle clientèle ?

M. : on s’adresse à des professionnels, gérants de restaurants, bars, boutiques ou épiceries, et on les accompagne dans leurs projets, de la conception à la réalisation. Comme le chantier qu’on a mené pour De l’Autre Côté de la Rue par exemple.

On travaille aussi pour les particuliers sur des conceptions sur-mesure : cuisines, dressing, aménagements intérieurs, mobiliers intérieurs et extérieurs.

On fait aussi de la création de pièces uniques, du mobilier qu’on met en vente à l’atelier. Et en ce moment, pour s’occuper et palier au retard des chantiers, on réemploie les chutes de bois en fabriquant des “petites surprises” : des décos d’intérieur, petites sculptures, tableaux, etc. Avec le confinement, on va lancer de la vente directe par contact mail ou téléphone, avec livraison possible.

Quels sont vos prochains chantiers ?

M. : En ce moment, on travaille sur le chantier du Court-Circuit qui continue mais au ralenti. On y réalise le bar-comptoir, l’estrade, l’arrière-bar, les soubassements en bois, les habillages de portes, tout le mobilier intérieur… Ensuite, on enchaînera sur le chantier de l’Auberge de Boffres, avec notamment la pose d’un comptoir de 10m pour le bar et l’épicerie ! Pour le Bieristan, on a réalisé l’aménagement de leurs bureaux à l’étage, et on réalisera avant l’été le réaménagement de leur jardin, avec de nouveaux mobiliers extérieurs. On a aussi quelques commandes pour des particuliers et du mobilier sur-mesure.

G. : Grâce à notre vitrine et la pub dans le magazine de Romans, nous avons été repérés par un fan du “Made in France” qui projette d’ouvrir un magasin à Romans justement ! Il va nous confier l’agencement intérieur de sa boutique, puis on y présentera quelques-uns de nos meubles.

La Goupille bar-comptoir du Court-circuit

G. : Parallèlement aux chantiers, on prépare notre passage en scop : c’est une envie profonde qu’on partage tous les deux, et un vrai gain de légitimité je pense, mais il nous faut d’abord avoir les reins solides financièrement.

M. : On a aussi envie de développer des ateliers d’initiation, un peu comme celui qu’on a fait lors de la fabrication des sapins de noël : c’était vraiment une super expérience qui a permis à des débutants complets de découvrir la fabrication de meubles. Mais pourquoi pas initier aussi à la restauration de meubles… bref les idées ne manquent pas !

Pour toute demande, adressez un mot à Marjo et Guillaume en écrivant à : lagoupille@le-grenade.fr

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